Si certaines personne prient toute la soirée pour être invitées, d'autres se demandent quelles stratégies adopter pour ne pas devoir danser avec tel ou tel danseur. Refuser maladroitement une danse comporte des risques dans le monde de la danse sociale où la politesse est de mise. Si le tango avait établi une règle intéressante en milonga, préservant à la fois le danseur de l'humiliation d'un refus visible par tous et permettant à la danseuse de sélectionner ses invitations grâce au subtil jeu du regard (si la fille assise là-bas vous détourne le regard, c'est non, inutile d'aller l'inviter), il vous faudra la plupart du temps faire appel au simple bon sens.
Les risques de (trop) refuser
Subir un refus peut être démoralisant, surtout pour un débutant. Certaines personnes pensent qu'il est normal pour un homme d'être rejeté, qu'il en a l'habitude, que son égo ne sera pas altéré par un refus supplémentaire. Détrompez-vous. Si des danseurs aguerris n'en n'ont effectivement que faire, beaucoup d'hommes ont la hantise du « râteau » et hésitent à inviter s'ils pressentent la probabilité d'un refus. En vous épargnant trois minutes de danse, vous pouvez ruiner la soirée d'une personne. Au passage, pour cette raison, un homme ne devrait tout simplement jamais refuser l'invitation d'une femme. Elles sont d'ailleurs très rares à inviter, certaines pensant que l'étiquette de la danse sociale ne l'accepte pas (ce qui était sans doute vrai autrefois), alors qu'en général, les hommes adorent vraiment qu'on les invite.
Le second risque est celui de devenir... « blacklistée ». Un danseur auquel vous aurez dit non viendra rarement retenter de vous inviter. Même en ayant entendu « Pas cette danse, parce que ceci ou cela », il peut avoir interprété « Jamais de la vie avec vous ». Si vous ne vouliez effectivement pas danser avec lui parce que c'est... lui, pas de problème. Sinon, il vous faudra à votre tour l'inviter par la suite.
De plus, n'oubliez pas que vous êtes observée par les autres danseurs. Refuser une danse à un mauvais danseur en vous disant que cela vous laissera disponible pour accepter l'invitation d'un bon danseur est un mauvais calcul : le bon danseur, voyant que vous venez de refuser à un autre, risque de ne pas se lancer puisqu'il ignore la raison de votre refus. Il pourrait même être gêné pour l'autre danseur : une danseuse qui refuse une danse ne devrait surtout pas danser ce morceau avec un autre.
Bref, soyez discrète dans votre refus, ne vous faites pas identifier comme étant difficile si votre objectif est de continuer d'être invitée en soirée. Une danseuse connue pour accepter systématiquement, même au bord de l'épuisement, même complètement transpirante, même avec le plus débutant des débutants sera de plus en plus invitée.
L'esquive
Une manière de ne pas avoir à refuser est d'éviter d'être invitée en ne laissant pas le danseur vous approcher. Vous pouvez faire semblant d'être occupée en discutant avec quelqu'un. Une conversation apparemment absorbante qui ne vous laisse même pas remarquer qu'un danseur s'approche de vous. Vous interrompre serait alors malpoli. Cela fonctionne parfois, mais pas toujours, il est difficile en effet de faire croire qu'une conversation est plus importante qu'une danse lorsque l'on va dans une soirée dansante... Vous pouvez aussi vous déplacer en donnant l'impression de chercher du regard quelqu'un que vous connaissez. Ou tout simplement, vous diriger à l'opposé de la personne, voire quitter la piste, pour aller au bar ou aux toilettes. Cela fonctionne pour une danse mais n'empêchera pas le danseur de retenter sa chance plus tard...
La vraie excuse
Sachez que peu de danseurs vont croire à votre excuse, même si elle est légitime. Car trop de fausses excuses tuent les vraies excuses. Mais peu importe, vous avez le droit d'avoir mal aux pieds, d'avoir besoin de boire, d'avoir une envie pressante, de faire une pause. Alors, un simple sourire avec un « Désolée je ne peux pas car... » suffira. N'oubliez pas d'aller inviter le danseur quand vous serez en état, pour qu'il comprenne que l'excuse était réelle.
La fausse excuse
Nous sommes en général entre gens de bonne éducation alors la fausse excuse est un moindre mal plutôt que de dire « Non merci, vous ne sentez pas bon », « Vous guidez trop mal », « Vous transpirez trop »... Votre talent d'actrice entre ici en œuvre. La musique ne vous convient pas, vous être trop fatiguée, bref, les banalités d'usage. Le problème est que le danseur risque de revenir vous inviter plus tard. Si c'est le cas, c'est que vous avez été trop bonne actrice.
Le refus clair mais poli
Finalement, un refus direct mais poli peut être le plus simple et surtout évite qu'un danseur que l'on n'aime pas soit insistant et retente sa chance. Avec un léger sourire, vous pouvez faire un geste discret de la main en disant simplement « Non merci ». Restez immobile, ne laissez pas votre corps donner un signal contraire. Baissez la tête et continuez de faire ce que vous faisiez (discuter, regarder le piste...).
Le cas des couples
Certains couples viennent en soirée en ayant un accord : pas question de danser avec d'autres personnes. Cela peut être le cas d'amoureux, ou de personnes venues s'entraîner (pour la compétition par exemple). Dites simplement la vérité, comme « Mon mari et moi ne dansons qu'ensemble ». Si vous souhaitez accepter l'invitation (mais que vous ne le pouvez pas, donc), vous pouvez suggérer au danseur de demander l'autorisation à votre partenaire. Il n'est pas rare de voir des danseurs s'adresser au conjoint de la danseuse pour lui demander s'il peut l'emprunter quelques instants.
Nous venons tous pour danser et ne devons pas oublier que les invitations sont une chance. À trop faire la fine bouche, à être trop exigeants, on peut créer une atmosphère qui n'est plus celle de la danse sociale. Personne n'a cependant l'obligation d'accepter de danser avec quelqu'un juste parce qu'il le demande. Il faut alors veiller à ménager les sensibilités, et en toute circonstance, garder le sourire !